Arcachon : suppression d'un point d'accueil pour les SDF

Publié le par clef de départ


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Transmis par Jean Roland

Le point d'accueil situé  près de la gare d'Arcachon (derrière le marché), dénommé PASSEREL ou « point jeunes », menace d’être supprimé dès le 8 janvier au soir, en plein « plan grand froid ». Géré jusqu'ici par l'association bordelaise PRADO, il comprend machine à laver, douches, point d'eau, accès téléphone et internet, l'accompagnement d'un éducateur.

Malgré son ouverture limitée (trois jours par semaine, avec des horaires différents selon l'âge, jamais le soir, ni d'hébergement), il constitue le seul lieu ressource pour des « sans domicile fixe » sur le bassin d'Arcachon. Il serait remplacé par un lieu d'accueil sur le port de la Teste destiné aux seuls « jeunes ». 8/9 du financement est apporté par le Conseil Régional, le reste par la COBAS, locataire des locaux de la gare.

Plusieurs associations auraient proposé de reprendre la gestion du lieu (St Vincent de Paul, Secours Catholique) mais la mairie aurait refusé. Elle souhaiterait « implanter le conservatoire de musique à la place ».

Actuellement, une vingtaine de « SDF », tous de plus de 20 ans, se trouvent à Arcachon. Sur le Sud Bassin, une trentaine de « SDF » ont été recensé par leurs pairs, il y en a probablement 40 en tout.

Malgré l'appui des associations (Secours Catholique qui fournit un petit déjeuner et Equipe St Vincent à l'Aiguillon, plus le vestiaire de la Croix Rouge) et de particuliers (trois ou quatre, dont une équipe à la gare tous les soirs vers 18h), ils sont confrontés à l'absence totale de lieu d'hébergement ou d'accueil dignes et accessibles pour ceux qui ont des chiens, même en cas de déclaration de grand froid, ce que le Préfet ne fait qu'avec un grand retard sur les accidents climatiques.

Certains sont à la rue depuis des années, sans que des solutions leur soient proposées sur place.

En cas de plan grand froid, 6 places sont disponibles en deux mobil homes pour la nuit au camping d'Arcachon, mais les chiens ne peuvent accompagner leur maître, ce qui est un problème pour certains qui sont très attachés aux bêtes. 

Les services sociaux renvoient sinon les demandes vers Bordeaux (via le 115), solution inadaptée au choix des précaires en raison de l'insécurité et de la surcharge, avec des conditions d'accueil limites.

Les informations inexactes n'ont pas manqué ces dernières semaines sur la situation. Le CCAS, contacté au téléphone, connaissait visiblement mal le détail de ce que font les associations et les particuliers, encore moins la situation réelle des SDF, malgré les contacts quotidiens à leurs bureaux avec eux.

Il a été dit à la sous préfecture, lorsqu’elle s’est informée de la situation, qu’il existait une maraude, des repas apportés en centre ville aux SDF par les restos du coeur et la Banque Alimentaire, que les mobil homes étaient accessibles facilement et suffisaient à répondre au problème.  Tout ceci est faux : les besoins sont trois fois plus élevé, les services du 115 ne fonctionnent pas à une telle distance de Bordeaux, chiens et horaires des bus le soir ne permettent pas facilement d’accéder au camping, celui-ci n’est en outre pas accompagné d’un accueil professionnalisé.

Mais les associations caritatives ne peuvent contester ce qu'elles considèrent en privé comme une réelle carence de la mairie d'Arcachon, parce qu'elles dépendent pour leurs locaux et subventions de l'humeur du maire. 

Il est impératif, en attendant la mise en place d'un lieu d'accueil digne de ce nom (CHRS ou autre) et une offre de repas chauds, de maintenir les services du point d'accueil de la gare d'Arcachon, d’apporter des repas chaud (si possible dans un local adapté) et de trouver une solution d'hébergement pour ceux qui ont des chiens, pour ceux qui ne peuvent se déplacer (soit 5 ou 6 pour les plus urgents). Pour les autres, un accompagnement est indispensable.

Dans la gare, seul lieu d'accueil au chaud pour le moment, les premiers incidents entre SDF et la SNCF (pourtant bienveillante) ont eu lieu début janvier, jusqu'ici régulés par la présence de citoyens « porteurs de repas » présents tous les jours vers 18h. Un vigile et des services de police ont été mobilisés pour surveiller la gare... La direction de la SNCF s'avère peu coopérative, alors que le personnel « de terrain » est incontestablement bienveillant et ouvert. Mais est-ce à un service de transports de pallier les insuffisances d'une mairie ? 

Quelques évolutions semblent se dessiner après deux semaines de froid :

- des douches gratuites, sur bons distribués par les associations pourraient être proposées dans les capitaineries des ports;

- il est question d'une distribution de soupes chaudes par la mairie d'Arcachon.

Mais pas d'hébergement, ni d'accompagnement si le PASSEREL ferme. Il est instructif de comparer ce dernier local avec celui qui est proposé aux boulistes à côté, ou aux moyens donnés par la mairie d'Arcachon à des activités mondaines sans véritables urgences. Mais il en certainement de même pour d'autres communes: les faibles moyens nécessaires pour soulager  les plus démunis sont refusés alors que l'agent est gaspillé par ailleurs.

Nous souhaitons communiquer via la presse sur cette situation inacceptable du point de vue des droits de l'homme si des solutions concrètes ne sont pas trouvées d'ici la fin de la semaine.

Un groupe de citoyens « porteurs de repas chauds »


joce.barthelemy@wanadoo.fr

***
Historique rapide de la question des SDF dans le Sud Bassin d’Arcachon.

Création d’un centre d’hébergement au Moulleau (le Chalet du GEBA) , qui a fonctionné de façon satisfaisante : un tiers des 235 personnes hébergées en 2002 (pour 10 jours de présence moyenne) venaient directement d’Arcachon. La Villa des Pins complétait cet accueil.

Début des années 1990 :
Etude Perche qui pose le problème des jeunes à la dérive à Arcachon

1995 :
ouverture d’un premier service P.A.S.S.E.R.E.L. (Prévention Accueil Santé Solidarité Ecoute Rue Et Littoral) dans un préfabriqué, l’animation est confiée à l’association Prado

1997 : une étude montre la quasi disparition des jeunes errants, mais l’apparition de bandes de jeunes parfois violents.

Puis mise en place de « Points Jeunes » dans toutes les communes du Sud Bassin

2002-2003 :  Mission Habitat Jeunes et installation de la Maison des Saisonniers par la COBAS

Disparition des violences, réapparition progressive des « sans abri ».

Suppression du centre d’hébergement du Moulleau

Création du centre maternel (10 places)

Des conventions lient Prado à  la COBAS et au Conseil Général de la Gironde, avec co-financement de l’Etat, pour des missions de « prévention spécialisée » pour les jeunes, le « Point-Accueil-Ecoute-Jeunes » (environ 3000 passages par an, authentifiés par les fiches d’accueil correspondantes)  et enfin une « Boutique solidarité », inspirée de ce qui a été créé par la Fondation Abbé Pierre pour l’accueil de jour des sans-abri.

2005-2006 :
décision d’arrestation des personnes errantes à la demande de la mairie; siège du commissariat par un groupe de SDF suite à l’arrestation de l’un d’entre eux ; opération d’évacuation de SDF par la police vers les forêts au-delà de la dune du Pilat (chaussures confisquées).

Novembre 2008 : F.Fillon en visite à Arcachon rappelle le respect de la liberté de chaque sans domicile fixe de venir dans un centre d’hébergement, mais aussi la nécessité d’une  intervention ferme en cas de péril.

Décembre 2009 :
fin des conventions Passerel, le centre ferme le 8 janvier 2010

Publié dans Actualités Locales

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D
<br /> J'ai comme vous dénoncé cet état de fait. Cachez ces pauvres que je ne saurais voir !<br /> <br /> http://mcdarmian.over-blog.fr/article-cachez-ces-pauvres-que-je-ne-saurais-voir-42934342.html<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Désolée pour le retard mais merci pour ce lien. A lire<br /> <br /> <br />