Le collectif Jeudi noir devant les tribunaux
LEMONDE.FR avec Reuters | 06.01.10 | 18h12
Le collectif – dont le nom est un clin d'œil au jour où paraît l'hebdomadaire De particulier à particulier, tant attendu par ceux qui recherchent un logement – se bat pour que soient prises en compte les difficultés d'accès au logement dans la capitale. Le mètre carré y coûte entre 5 000 à 9 000 euros, un prix rédhibitoire pour la majorité de la population.
"Aucune loi ne permet à des personnes d'entrer par une voie de fait chez autrui", a plaidé Me Claire Waroquier, avocate de la propriétaire, Béatrice Cottin. Cette dernière, 87 ans, vit en maison de retraite mais considère l'immeuble – sis
dans l'un des lieux les plus prestigieux de la capitale – comme sa résidence principale. Et bien que Mme Cottin ait été placée sous tutelle l'an passé, elle semble compter revenir habiter les lieux. Par ailleurs, ses conseils ont affirmé que des travaux étaient en cours. C'est sa tutrice qui a engagé les poursuites contre les étudiants et travailleurs précaires. Mme Cottin, pour sa part, est allée rendre visite aux squatteurs dans la semaine, leur rendant même hommage pour le bon état de l'appartement qu'ils occupaient.
SOUTIEN DE LA MAIRIE DE PARIS
De son côté, le Jeudi noir a estimé que l'abandon de l'immeuble et le refus de le louer depuis des décennies justifiaient qu'on laisse aux occupants un délai pour vider les lieux. Stéphane Roques, le porte-parole du collectif, a expliqué à la presse que l'action avait pour objectif d'attiser le débat. "On espère que cette situation permettra de réveiller les consciences et de faire savoir qu'on est face à une situation qui nous semble aberrante et injuste", a-t-il déclaré.
Dans une lettre adressée à l'un des avocats de Mme Cottin, la socialiste Anne Hidalgo, première adjointe au maire PS de Paris, Bertrand Delanoë, a exprimé son soutien à Jeudi noir et appelé à la clémence. "Pour avoir visité les lieux, j'atteste que les militants de Jeudi noir ont mis en évidence le scandale d'un patrimoine exceptionnel laissé égoïstement à l'abandon depuis des années. Jeudi noir a, à l'évidence, contribué à sa préservation", a-t-elle écrit. Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 18 janvier.
La Fondation Abbé Pierre recense en France cent mille personnes vivant dans la rue, quarante-neuf mille individus "privés de domicile personnel" et vivant en foyers, habitats de fortune, chez des tiers ou à l'hôtel, ainsi que plus de deux millions de personnes habitant dans des logements précaires, insalubres ou surpeuplés. A Paris, selon le recensement de 1999, il y avait cent trent-six mille logements vides, un chiffre qui aurait peu évolué.
Source :
Le site de Jeudi noir